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Le Cochon Gonzague

image Il fut un temps, où, dans nos campagnes, les partages étaient bien établis : il y avait d’un côté, les fermes avec leurs animaux domestiqués et asservis, et d’un autre côté, la nature et sa faune sauvage et libre.
Les hommes fournissaient soin et nourriture aux premiers tandis qu’ils traquaient les seconds.
Ces derniers, toutefois, ne se privaient pas de prélever sur la production des fermiers la dîme qu’ils estimaient devoir leur revenir. En contre partie, le paysan agrémentait ses repas de fête du gibier qu’il avait capturé.
C’était en quelque sorte une politique de troc,  «  tu me voles une poule, et moi je tue un lièvre », et tout le monde y trouvait son content, car rares étaient les exactions.
Cependant, la désertification des campagnes, si elle vit un temps la prolifération du gibier, amena bien vite, sur des terres livrées à leurs appétits, une foule de citadins peu soucieux de l’équilibre de la nature. Le gibier peu à peu disparut, au grand dam des confédérations de chasseurs qui payaient fort cher la location de terrains dits giboyeux.
Il fallut donc songer à repeupler, et notamment en sangliers, gibier noble parmi les nobles et dont la tête empaillée orne le manteau de cheminée des glorieux Nemrods !
Or, la laie n’est pas prolifique comme l’est sa cousine la truie, on imagina donc de croiser les deux espèces afin que des hardes de sangliers de plus en plus étoffées hantent les taillis et fassent le bonheur des amateurs de battues.
Et c’est ainsi que Gonzague vint au monde.

***

Issu de croisements répétés, l’animal possédait les longs poils drus et la robe brune du sanglier, tout en ayant le groin rose et la queue en tire-bouchon du cochon.
De défenses, point, ce qui ne le gênait nullement, la nature l’ayant doté d’un heureux caractère placide.
Autant ses sœurs et frères de portée étaient-ils batailleurs et hargneux, se disputant pour la mamelle ou plus tard pour le moindre gland, autant était-il lui, calme et paisible se contentant de la mamelle délaissée et qui s’averrait être la plus garnie, ou du chêne mis à l’écart et qui cependant portait les plus beaux fruits.
A croire qu’il était né coiffé ou que les dieux s’étaient penchés sur sa bauge.
De fait, et aussi curieux que cela puisse paraître, Gonzague, dès qu’il ouvrit les yeux, se comporta comme un sage, un philosophe, ne demandant à dame Nature rien d’autre que ce qu’elle avait à lui offrir, vivant avec émerveillement l’instant présent comme s’il eût été le dernier ou le premier de sa terrestre vie.
Pourtant, seul marcassin à ne pas avoir de robe rayée ni de queue courte rectiligne, on aurait pu croire qu’il aurait été adulé ou alors rejeté par les siens ; eh bien non ! Sa mère le menait à la baguette tout comme ses autres petits, le bousculant peut être un peu plus, en raison de sa tendance à musarder de ci, de là, ce qu’une laie soucieuse de la sauvegarde de sa progéniture et sensible au qu’en dira-t-on ne pouvait permettre !
Car Gonzague avait un gros défaut : il était affublé d’une incommensurable paresse !
Pourquoi toujours courir, toujours trotter puisque à la fin de toute façon on s’arrête ! Pourquoi labourer, comme s’entêtaient à le faire ses congénères, le champ en son entier, alors qu’il n’est bordé de chênes que sur un côté !
En fait, les longues heures délicieuses qu’il passait vautré dans sa bauge, lui permettaient de réfléchir et de tirer profit des observations relevées au cours de promenades buissonnières.
En effet, dès que sa mère allégeait un tant soit peu sa surveillance, il s’échappait de la trace qu’en marcassin bien né il aurait dû suivre, pour s’en aller, le groin en l’air, d’un pas placide, à la découverte du monde.
Et le monde s’offrait à lui, tant il est vrai que pour peu qu’on soit disposé à les recevoir, dame Nature est prête à révéler ses secrets.

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Ainsi, repérait-il l’éclair roux de l’écureuil dans le noisetier et savait-il alors qu’il était inutile d’en chercher les noisettes : elles auraient toutes été cueillies ou grignotées.
Mais il n’en prenait pas ombrage : l’important était qu’il ait entre aperçu la course agile du maraudeur dans les branchages.
Une autre fois, la poursuite d’un papillon coloré, l’amenait en plein milieu d’un roncier croulant sous les mûres, et il s’en remplissait gloutonnement le ventre. Puis il s’étalait au soleil dans les feuilles pour une béate digestion.
Parfois, contraint par sa mère d’exercer sa naturelle tâche de sanglier fouisseur, il remarquait une colonne de fourmis chargées de faines, ce qui l’amenait à la suivre jusqu’à la fourmilière dont il pillait sans vergogne le garde manger.
Car manger, chez la faune sauvage, est la préoccupation première, sans laquelle il n’est pas de survie. Aussi notre paresseux opportuniste ne se privait-il pas de faire bonne chère chaque fois qu’il en avait l’occasion.

***

Toutefois, s’il trouvait presque tout mangeable, il avait une nette préférence pour les champignons, dont il raffolait et qu’un flair aiguisé lui offrait sans qu’il ait besoin de trop chercher.
Certes, il tenait de sa mère la connaissance de quelques espèces comestibles, mais un odorat très développé, ajouté à un esprit curieux, doublé d’un tempérament d’esthète et de véritable gourmet, avait, au bout de quelques années, fait de lui le plus averti des mycologues. S’il se hasardait quelques fois à terrain découvert, pour se régaler de pleurotes, qu’ici on appelle oreillettes, à cause de leurs chapeaux ourlés et de leur forme biscornue, ce n’était qu’au lever ou au coucher de soleil, lorsque la lumière rasante fait luire leurs têtes bistres veloutées.
Il préférait, et de loin, la promenade nonchalante dans les bois, quand l’automne les pare de ces tons cuivrés qui rendent lumineux même les jours les plus maussades.
Là, il était assuré de trouver de quoi ravir ses yeux ou son estomac. Car, dès qu’il pénétrait sous les frondaisons, son remarquable odorat décelait parmi les effluves musqués de l’humus, celui qui émanait d’un champignon. Il n’avait plus alors qu’à se diriger d’un pas tranquille vers l’endroit ainsi repéré.
Tantôt, il s’agissait d’une clairière où les russules étalaient leurs robes beiges, noires ou purpurines au grand ravissement de ses yeux; tantôt, le cèpe bleuissant sous la morsure, offrait à son palais la délicatesse et l’arôme de sa chair ferme ; tantôt, le tricholome pied bleu lui faisait l’heureuse surprise de pointer sa fluorescente silhouette un matin frisquet de décembre alors qu’il n’espérait plus de cueillette.
Bien sûr, cette science ne s ‘était acquise non sans quelques expériences malheureuses : c’est ainsi que s’étant laissé séduire par la robe rutilante de la russule émétique, il avait voulu y goûter et puis avait passé tout un après midi à en recracher l ‘amertume ; le chicotin l’avait également désagréablement surpris, quand au bolet Satan dont la magnificence l’avait ébloui, il avait suffi d’une seule bouchée pour qu’il attrape une mémorable colique !
Par bonheur pour lui, il n’existe pas dans nos bois d’Amanite phalloïde, et pour sa cousine la tue mouche il la trouvait tellement belle qu’il n’aurait jamais osé y toucher !
Bref, d’expériences malheureuses en expériences heureuses, il était devenu fin connaisseur, à tel point qu’il pensait que les bois n’avaient plus aucun secret pour lui !

***

Et pourtant !... Un matin de janvier blanc de givre, tenaillé par une faim qui lui faisait fouiller le tapis de feuilles sous les chênes à la recherche de glands oubliés, son odorat fut heureusement flatté par une senteur qu’il n’identifiait pas.
Le groin en l’air dans le vent il laissait palpiter ses narines, se demandant d’où ce fumet si chaud, si riche, si doux et âcre à la fois pouvait bien provenir.
Sa quête le mena à l ‘orée du bois au pied d’un noisetier. Curieusement, aucun tapis de feuilles ne jonchait le sol, la terre y était nue et noire, comme brûlée.
L’odeur puissante paraissait s’exhaler du sol même.
Sans hésiter, Gonzague fouilla de son groin rose. En vain. Seul le parfum se fit de plus en plus violent. Il s’aida de ses sabots, regrettant, pour une fois, de ne pas avoir de défenses. Il dut creuser profond avant de découvrir un tubercule granuleux et noir au parfum capiteux. Il y goûta du bout des incisives et de la langue :
Quel arôme ! Quelle finesse ! Jamais il n’avait rien mangé de meilleur ! Faisant fi de toute prudence, il avala en deux bouchées le tubercule, puis oubliant sa paresse congénitale se rua comme un forcené sur les autres racines de l’arbre susceptibles de lui offrir pareil délice. Son acharnement fut récompensé : l’arbre lui fit offrande de deux autres de ses joyaux.
Il s’en fut alors, en hédoniste repu, se vautrer dans sa bauge avec extase.

***

Or, du temps que Gonzague faisait son apprentissage initiatique, au Mas du roc Traoucat, le vieux Clovis se désespérait.
Il ne restait plus que lui à la ferme, tous les autres étaient partis.
Ses enfants avaient trouvé du travail dans le Nord, et il ne les voyait pour ainsi dire plus ; son Alphonsine s’en était allée rejoindre le Seigneur cela ferait bientôt quatre ans ; le troupelier qui louait les herbages pour ses bêtes avait dû vendre son troupeau pour cause de retraite, et personne ne l’avait remplacé.
Quant à lui, ses forces le quittant peu à peu, il ne cultivait plus qu’un jardinet au fond duquel il conservait encore les trois poules qu’avait fait venir sa femme, et dont il refusait de se séparer, quoiqu’elles ne pondissent plus guère !
Il vivait donc chichement, ne touchant qu’une toute petite pension.

***

Pourtant, on ne pouvait pas dire qu’il ait manqué de prévoyance : dix ans auparavant, alors qu’il était encore bien gaillard, il avait planté, en prévision de ses vieux jours, des chênes truffiers.
En effet, s’était-il dit, lorsqu’ils produiront, je serai un vieil homme bien content du revenu que m’apportera la vente de leurs truffes . Et pour éviter toute mauvaise surprise – le diamant noir est très convoité voyez-vous – il avait disséminé les arbres un peu partout dans les bois et n’avait rien dit à personne.
Seulement voilà, était-ce parce qu’en vieillissant il avait perdu la mémoire, ou bien, comme cela arrive parfois que le mycélium truffier avait migré, mais il n’arrivait plus à retrouver les arbres porteurs et encore moins leurs truffes.
Certes, s’il avait eu un chien tel que son bon Capi, mais ce dernier l’avait quitté avant que la production ne commence et il n’avait plus les moyens de reformer un autre chien.
Car former un chien truffier n’est pas facile et revient cher : en effet, il faut l’élever au jus de truffes, afin de développer son odorat, puis enterrer dans les bois des tubercules pour qu’il arrive à les retrouver. Cela suppose donc que l’on ait en sa possession le fameux champignon ; or, il y avait belle lurette qu’il n’en avait plus vu la moindre pelure.
Bien entendu, il lui restait la ressource de la mouche verte, vous savez celle qui vole sur place, à raz de terre, au-dessus des truffières.
Seulement, ses yeux n’étaient plus ce qu’ils avaient été et il avait bien du mal à repérer l’insecte.
Cependant, s’obstinait-il tous les jours, pendant la saison propice, à parcourir les bois à la recherche du précieux tubercule .

***

C’est pourquoi il se trouvait aujourd’hui tout près de la bauge dans laquelle Gonzague se prélassait.
- Sas que finiras ben per n’ en trapar .( Tu finiras bien par en trouver !)
Comme tous ceux qui vivent seuls, il avait pris l’habitude de parler à haute voix avec lui-même :
- Quanhe malur quand mesme de pas se remembrar de re. Paure de tu, finiras en l’asil, veiras ço que te disi.( Quel malheur, quand même de perdre la mémoire. Pauvre de toi, tu finiras à l’hospice ; tu verras ce que je te dis !)
Les jérémiades du vieil homme tirèrent Gonzague de la douce somnolence dans laquelle il était plongé.
- Grompf, grompf, ; quel était l’intrus qui osait interrompre sa digestion ? Jetant un œil à travers le feuillage : Mais c’est le vieux Clovis ! S ‘écria-t-il ; puis : ça n’a pas l’air d’aller fort !
Gonzague, qui avait appris à se méfier des hommes, pensait qu’il n’avait rien à redouter de ce dernier : il le savait inoffensif, et s’amusait parfois à le suivre dans les bois, intrigué par ses soliloques et ses attitudes.
Jusqu’à ce jour, il n’avait pas compris pourquoi il fouillait toujours le sol, de son bâton, en maugréant. Mais voilà qu’il venait de comprendre : Il recherchait lui aussi le fameux tubercule , et comme il s’y prenait mal !
Si Gonzague était un épicurien convaincu, il n’en était pas moins un être de compassion, car, étant toujours heureux lui-même, il ne supportait pas de voir les autres malheureux, à tel point qu’il en oubliait même sa paresse pour leur venir en aide. Ce jour là, le désespoir de Clovis lui transperça le cœur.
Bien entendu notre généreux ami ignorait tout à fait que l’on pût faire du commerce avec les truffes et que ce commerce fût lucratif ; il croyait simplement le vieux Clovis gourmand, comme il l’était lui, de ces odorants tubercules et navré de ne pouvoir satisfaire ses envies.

***

- Bon, dit-il en s’extirpant de sa bauge, il ne sera pas dit que j’aurai laissé un autre fin gourmet dans la peine !
Et il s’avança à petits pas vers le vieil homme.
Ce dernier s ‘était assis au pied de l’arbre, les genoux repliés dans les bras, la tête basse, fixant le sol entre ses pieds ; Gonzague put ainsi approcher au plus près sans se faire remarquer. Glissant alors son groin sous les bras de Clovis :
- Grompf ? Fit-il avec sollicitude.
Le souffle chaud et humide de l’animal fit sursauter l’autre qui aussitôt chercha à se relever pour fuir. Mais le cochon, bien campé sur ses quatre pattes, empêchant toute retraite, se mit à pousser des petits grognements plaintifs tout en penchant la tête tantôt à gauche tantôt à droite d’un air interrogateur : - Alors Clovis, semblaient dire ses petits yeux brillants, qu’est-ce qui ne va pas ? On dirait que tu n’arrives pas à trouver ce que tu cherches ; est-ce que tu veux que je t’aide ?
Puis, sans attendre de réponse, il fit volte face et de son pas tranquille se dirigea vers l’orée du bois.
Le pauvre homme n’en croyait pas ses yeux : qu’est ce que c’était que cette espèce d’animal, plus cochon que sanglier et qui semblait si peu sauvage ? D’ailleurs, l’animal s’étant retourné poussa deux grognements brefs qui paraissaient signifier :
- Et alors ? Tu viens ?
Il arrive parfois, que, confronté à des mystères qui dépassent l’entendement, on se laisse porter par les évènements. C’est ce qui se produisit chez Clovis, et l’homme, quelque éberlué qu’il fût, n’en suivit pas moins l’animal.
Quand Gonzague eut atteint la lisière du bois, levant la tête, il huma l’air à pleines narines, puis aussitôt vira à droite et s’arrêta au pied d’un bosquet formé par trois petits chênes. Là, s’aidant du groin et des pieds il creusa la terre dénudée sur une profondeur de trente centimètres, puis poussant un grognement de triomphe se retourna vers Clovis.
- Alors c’est bien ce que tu voulais ? Non ? Lui fit-il comprendre.
Et l’homme qui s’était approché, découvrit, dans le sillon défoncé par le cochon, un chapelet de truffes d’inégale grosseur, mais dont la plus belle devait bien peser dans les deux cents grammes. Et comme il hésitait à les cueillir, de son boutoir, Gonzague, détachant les truffes de la racine des arbres les fit rouler vers lui, d’un geste qui voulait signifier :
- Prends-les, elles sont pour toi, moi je n’ai plus faim !
Et sans attendre de remerciements, notre animal s’en fut continuer dans sa bauge sa séance de méditation.

***

Clovis, quant à lui, était ému aux larmes : d’une part à cause de l’étonnante attitude de l’animal, d’autre part parce qu’il ne pouvait plus douter qu’il allait pouvoir tirer bénéfice de la peine prise dix ans auparavant. En effet, lorsqu’il avait planté ses chênes truffiers, il avait pris grand soin de les mettre en terre dans un rayon de cent cinquante pas les uns des autres ; et maintenant qu’il en tenait un, il n’aurait aucun mal à retrouver les autres.
Ce fut ce qui se passa, et la récolte s’averra fructueuse, si bien qu’avec le revenu de la vente il put même envisager de faire les réparations qui s’imposaient sur le toit.
Et comme la production, d’années en années, ne cessait de croître, une salle de bains et ensuite le chauffage central vinrent apporter à la ferme tout le confort moderne !
Ainsi, put-il accueillir sans crainte ses petits enfants citadins, d’autant plus qu’il pouvait compter sur l’aide de sa voisine Léonie qui désormais s’occupait de son ménage.

***

En ce qui concerne Gonzague, sa coopération avec les hommes s’arrêta là. La joie du vieil homme lui avait permis de retrouver sa béate quiétude.
Il continua donc à mener sa vie de poète, d’épicurien, de gourmet et de sage.
Certes, il lui arriva encore de se délecter de truffes, les hivers pendant lesquels une faim tenace le forçait à parcourir les bois ; mais jamais il ne pilla les truffières, se contentant d’y prélever les deux ou trois tubercules qui suffiraient à ravir ses papilles et sustenter son estomac.
De fait, les longues heures méditatives auxquelles sa paresse l’inclinait, avaient fait de lui une sorte d’ascète se satisfaisant de peu. De plus, le vieux Clovis, sans doute se sentant redevable, oubliait toujours une ou deux truffes sur les racines.

***

Du temps passa.... Quand le vieil homme sentit qu’il était temps pour lui d’aller rejoindre son Alphonsine dans les jardins du Seigneur, il fit une dernière fois le tour des truffières accompagné, cette fois, de son petit-fils Alexandre – le sentant comme lui amoureux de la terre, il voulait lui donner le secret.
- Tu vois Chandrou, (avec cet enfant qui vivait à la ville il s’exprimait en français), le secret que je te parle, il faudra le dire à personne, même pas à ta fiancée. Car on doit toujours être seul à savoir. D’ailleurs, si jamais tu parlais, tu verrais que les truffières seraient vite foutues : on te ramasserait les truffes et tu serais bien couillonné ! Et aussi, parce que c’est la terre qui nous choisit pour nous le donner le secret, car elle sait comme on la respecte. Alors, il faut que tu promettes de jamais rien cueillir sans laisser la part de la terre. Car tu vois, c’est comme si on avait un bail de fermage avec elle, on lui doit toujours une part des récoltes. De nos jours ça s’oublie, et c’est pour ça que la terre se fatigue et produit moins. Plus tard, quand tu seras vieux tu diras le secret à celui que tu auras choisi et tu lui diras pour la terre. Promets-le.
- Oui Papet, je te le promets.
- Va Chandrou, tu es un bon petit.
Puis il ajouta : - Quant aux sangliers, écoute pas ceux qui disent qu’ils abîment tout ; ç’est pas vrai ; ils prennent que ce qui leur revient ; et puis, parfois, ils vous tirent d’affaire. J’en ai connu un, que je crois bien qu’il m’a sauvé la vie. Un jour, il y a quinze ans.... Et c’est ainsi que Gonzague devint célèbre.
Clic clac mon conte es accavat ! 

Michèle Puel Benoit

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